« Que les raisons soient économiques, psychologiques, culturelles, que la situation soit subie ou qu’elle relève tout simplement d’une volonté personnelle, les aidants familiaux ont et gardent une place importante auprès de leurs proches dépendants. Cette place est si importante qu’il est indispensable […] de poursuivre l’effort collectif pour leur reconnaître une vraie place dans la société […] »
Extrait de Les aidants informels, Vie sociale, n° 4, 2012, 208 pages
Alors que la prestation de compensation du handicap (PCH) a solvabilisé les personnes handicapées pour qu’elles puissent recourir à des aides humaines, la loi leur permet aussi de salarier un aidant familial. On a tendance à considérer que la question du salariat de l’aidant familial se limite à un intérêt financier parce qu'il lui donne accès au paiement d’un salaire, d’une véritable rémunération bien supérieure aux montants du dédommagement de l’aidant familial prévu par la PCH (consulter les tarifs en vigueur). Pourtant, les enjeux vont bien au-delà et nous vous proposons d'en éclairer certains.
Reconnaître aux aidants familiaux une vraie place dans la société, c'est d'abord leur permettre d'acquérir un statut social, de rejoindre officiellement la "communauté des actifs". L'aide humaine qu'apporte l'entourage de la personne handicapée est un véritable travail. On constate souvent que l'aidant familial intervient sur des horaires ou des jours définis, à l'instar d'un planning de travail pour un salarié. On pourrait également imaginer construire les "fiches de poste" d'aidants familiaux : on s'apercevrait que chacun mobilise des compétences spécifiques pour assurer des missions définies et répondre ainsi aux besoins de la personne handicapée. Les exemples de similarité entre l'aidant familial et l'aidant salarié sont encore nombreux et nous interrogent sur le statut social accordé par notre société aux aidants familiaux. Le salariat de l'aidant familial a l'intérêt de reconnaître et valoriser l'aide qu'il apporte à la personne, le travail qu'il réalise pour elle.
Comme les auxiliaires/assistants de vie, les aidants familiaux sont exposés à des risques directs lorsqu'ils apportent leur aide : chutes, blessures, accident, fatigue, épuisement... La médecine du travail, maintenant obligatoire pour tous les aidants professionnels salariés, ne s'adresse pourtant pas à eux... sauf s'ils sont salariés.
Et s'ils viennent à devoir cesser temporairement leur aide à la personne parce qu'ils se sont blessés ou qu'ils sont malades, ils ne bénéficient pas des indemnités journalières versées par la Sécurité Sociale aux salariés en arrêt de travail pour maladie ou accident.
Dans la même logique, l'aidant familial ne cotise pas pour l'assurance chômage ou la retraite puisqu'il ne perçoit pas de rémunération. Il peut s'en trouver pénalisé, d'autant plus que beaucoup d'aidants familiaux ont du réduire ou abandonner leur activité professionnelle pour s'occuper de leur proche.
Par ailleurs, il n'est pas toujours évident de valoriser son parcours d'aidant familial face à un recruteur. La formation professionnelle pourrait permettre de reconnaître l'acquisition de compétences et d'expériences ; mais celle-ci ne s'adresse qu'aux professionnels. Professionnaliser les aidants familiaux est pourtant un objectif honorable, à la fois pour apporter une meilleure aide à la personne tout en prévenant les risques professionnels mais aussi pour leur ouvrir des passerelles vers d'autres secteurs d'activité et favoriser une reconversion professionnelle.
Des initiatives en ce sens tendent à se multiplier et une offre de formations et d'actions de prévention pour les aidants familiaux se développe. Il est intéressant de noter que ces projets sont la plupart du temps uniquement dédiés aux aidants familiaux et excluent les professionnels.
Notre propos n'est pas de militer pour le salariat des aidants familiaux mais d'apporter une information sur cette possibilité que beaucoup de personnes méconnaissent. Il s'agit aussi de proposer un éclairage (non-exhaustif) sur les aspects multiples du salariat et des conséquences qui en découlent. En conclusion, si le salariat de l'aidant familial peut apporter des avantages certains, l'arbitrage d'un tel choix doit se faire sous l'égide des relations familiales pour mieux les préserver.
Cindy POUGET
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